Philharmonica

Londres connaît à la fin des années 1600 un âge d'or artistique, avec l’arrivée de nombreux musiciens étrangers, la multiplication de théâtres et de salles de concert où le public vient écouter les stars du moment. L'un de ces musiciens est l’Italien Nicola Matteis ; il arrive vers 1660 et devient la sensation de la scène musicale londonienne… Purcell n'est qu'un enfant à cette époque et on n’a aucun témoignage de leur rencontre, mais il est très probable que Purcell a connu les œuvres de Matteis, dont ses Ayres , enregistrés ici pour la première fois dans une version pour consort à quatre voix. Cette effervescence londonienne donne lieu à des découvertes étonnantes, comme la musique d’une mystérieuse compositrice qui publie des sonates en trio vers 1715 sous le nom de Mrs Philarmonica. Le Consort propose le tout premier enregistrement de cette musique très intéressante, sans doute influencée par Corelli et probablement composée par une musicienne qui, compte tenu des conventions de l’époque, utilise un pseudonyme. Sa véritable identité nous est malheureusement inconnue.

Teatro Sant'Angelo

Pendant le carnaval de Venise de 1637, on ouvre pour la première fois au public une pièce “rappresentata in musica”… Un succès. L’opéra est né et se propage comme de la poudre. Venise compte le plus de théâtres au monde. En 1677, le Teatro Sant’Angelo ouvre ses portes sur le campo du même nom. Exigu, chaotique, extrêmement productif et bon marché, il est réputé pour ses musiciens et ses décors. Cette effervescence doit beaucoup à la figure de Vivaldi qui, dès 1705, y crée régulièrement ses opéras et y fait office (avec son père) d’impresario. Arsilda, L’incoronazione di Dario et La verità in cimento y triomphent, mais il y invite aussi des compositeurs comme les jeunes Fortunato Chelleri et Giovanni Alberto Ristori… La mezzo-soprano Adèle Charvet et ses complices du Consort rendent hommage à tous ces compositeurs avec un programme flamboyant qui mêle airs célèbres et premières mondiales… pas moins de 12 !

Specchio Veneziano

Specchio Veneziano ou le miroir vénitien : ce programme met en regard deux compositeurs de la cité des Doges : d’un côté le célébrissime Vivaldi, de l’autre un quasi inconnu, Giovanni Battista Reali, né en 1681 à Venise, trois ans après Vivaldi et mort en 1751, dix ans après son illustre collègue. Lui-même violoniste, il a composé des sonates en trio, dont une Folia très spectaculaire, que Théotime Langlois de Swarte, Sophie de Bardonnèche, Hanna Salzenstein et Justin Taylor mettent en miroir avec la Folia de Vivaldi, aux côtés de quelques autres pages très virtuoses et de redécouvertes absolues, puisque la moitié de ce programme n’a jamais été enregistrée.

Royal Handel

Londres, février 1719, naissance de la Royal Academy of Music. Georg Friedrich Haendel est nommé directeur musical. Allemand d'origine, ayant séjourné quatre ans en Italie, Haendel veut faire de Londres la nouvelle capitale de l'opéra. La seule langue qui sera chantée sur la scène du King's Theatre sera l'italien, et on fait venir tout droit de la péninsule deux autres compositeurs : Attilio Ariosti et Giovanni Battista Bononcini. Tous deux instrumentistes à cordes, ils apportent un nouveau souffle instrumental. L'engouement est considérable : 34 opéras et plus de 460 représentations seront donnés en neuf ans à la Royal Academy. Haendel y crée ses chefs-d' uvre Giulio Cesare in Egitto, Ottone ou encore Radamisto. Ariosti et Bononcini connaissent eux aussi de grands succès entre 1720 et 1723, notamment avec Coriolano (Ariosti) et son sublime air « Sagri numi ». ROYAL HANDEL est un portrait musical de la première Royal Academy of Music. Eva Zaïcik et ses complices du Consort célèbrent la prodigieuse variété du génie haendélien et nous font découvrir des airs inédits d'Ariosti et de Bononcini : « On est saisi par le fantomatique Stille amare , l'irradiante furie d''Agitato da fiere tempeste , la virtuosité de Gelosia, spietata Aletto , le virevoltant L'aure che spira , l'ascèse contrapuntique d Ombra cara ou encore le poignant Deggio morire .

Venez Chère Ombre

La mezzo-soprano Eva Zaïcik rejoint Alpha pour plusieurs enregistrements. Élue Révélation lyrique des Victoires de la Musique Classique 2018 et lauréate cette même année du prestigieux concours Reine Elisabeth de Belgique, Eva Zaïcik est une des artistes lyriques les plus en vue de sa génération. Elle a participé au Jardin des Voix des Arts Florissants de William Christie et collabore régulièrement avec Le Poème Harmonique et Vincent Dumestre... Mais son complice de toujours est le claveciniste Justin Taylor. Ensemble et avec deux autres musiciens issus du Conservatoire Supérieur de Paris, les violonistes Théotime Langlois de Swarte et Sophie de Bardonnèche, ils ont créé Le Consort, qui explore les oeuvres profanes ou sacrées de compositeurs tels que Charpentier, Campra, Clérambault... Pour cet enregistrement, ils ont été rejoints par la flûtiste Anna Besson et la gambiste Lucile Boulanger, toutes deux bien connues du label Alpha, ainsi que Louise Pierrard (viole de gambe) et Thibault Roussel (théorbe).

Opus 1

Si Dandrieu est surtout connu pour ses talents d'organiste, ses sonates en trio méritent une place de premier plan dans la musique de chambre de l'époque. Elles montrent une maîtrise du style et une variété de caractères stupéfiantes. Des danses qui débordent d'énergie, un contrepoint espiègle et fougueux entre les trois parties, des mouvements suspendus par leurs retards à l'italienne très expressifs, de l'articulation, des phrasés, du rythme, de la douceur, de la passion... de la vie. Il les publie sous le nom de Premier oeuvre en 1705, à 23 ans, âge que nous avions quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois et avons joué ces sonates : « Opus 1 comme titre pour cet album s'est donc imposé naturellement ! »; disent les membres du Consort. La sonate en trio voit le jour dans la seconde moitié du XVIIe siècle et Corelli, maître du genre, contribue à son rayonnement à travers toute l'Europe. Les sonates en trio de Dandrieu sont marquées par l'empreinte de Corelli. Et lorsqu'il intitule l'une de ses pièces pour clavecin La Corelli, il s'inscrit comme l'héritier du grand maître italien... Nous nous en sommes emparés, pour en proposer une version en forme de Sonata a tre…